vendredi 7 février 2014

“Le peuple catalan est une minorité et a le droit de voter”






Le dirigeant conservateur autrichien Franz Schausberger, lors de sa visite à Barcelone, a eu le temps de se rendre au siège de l’Assemblée nationale catalane (ANC) et avec Help Catalonia.

Franz Schausberger (Steyr, 1950) est un vieux dirigeant du Parti populaire conservateur autrichien (ÖVP). Ses huit années (1996-2004) en tant que gouverneur du land de Salzburg et son passage au Comité des régions d’Europe ont fait de lui l’une des voix les plus sensibles aux revendications régionales.

Croyez-vous que les Catalans ont le droit de décider de leur avenir par les urnes ?

Oui, bien sûr. C’est une question de droits humains. Le peuple catalan est une minorité à l’intérieur de l’Espagne. Les autorités espagnoles devraient respecter un minimum de règles démocratiques et permettre à la minorité catalane de s’exprimer par les urnes.

Le gouvernement espagnol y est opposé en alléguant que le référendum serait illégal.

Les lands autrichiens, dans leurs Constitutions régionales, disposent du droit d’organiser des référendums. Un référendum ne peut pas être contraire à une constitution démocratique. Or, il faut être habile et poser une question conforme à la loi.


Diluer le sens de la question ?

J’essaierais de trouver une question adaptée au cadre constitutionnel. Si on ne peut pas poser une question directement sur l’indépendance, il faut chercher une formulation plus indirecte, plus facilement acceptable du côté espagnol. En fin de compte, tout le monde verrait clairement de quoi il s’agit.

L’UE accueillerait-elle un Etat catalan ?

Il n’y a aucun précédent sur lequel nous pourrions nous fonder. Jusqu’à présent, l’opinion officielle à Bruxelles est qu’un nouveau membre devrait suivre les mêmes règles que les autres candidats, mais je pense que rien n’est encore définitif. Si une région devient indépendante, elle devra respecter les critères d’adhésion, évidemment, mais on pourrait lui aménager une voie rapide pour son entrée. L’UE agit toujours de façon pragmatique et elle devrait se préparer à un tel cas.

En cas de choc politique entre la Catalogne et l’Espagne, quel rôle l’UE pourrait-elle jouer ?

L’Espagne et la Catalogne devraient trouver une voie pacifique pour arriver à un accord. D’abord, il faut voir ce que le peuple catalan veut. S’il décidait d’être indépendant et d’entrer dans l’UE, l’Espagne au début pourrait dire non, mais ce ne serait pas si facile de se contenter de dire toujours non à un État qui respecterait les critères d’adhésion.

Est-ce qu’une déclaration unilatérale d’indépendance serait légitime si l’Espagne mettait son veto au référendum ?

Qu’il soit légitime ou illégitime, ce ne serait en aucune manière un acte politiquement intelligent. L’Ecosse a négocié pendant des années afin de trouver une voie légale. D’après l’expérience des cas semblables, il n’est guère bon de se précipiter. Il faut considérer le long terme. La Catalogne et l’Espagne, dans l’avenir, doivent pouvoir vivre ensemble, unies ou comme voisines. Elles doivent coopérer, elles ne peuvent pas rester longtemps en conflit. Le chemin vers l’indépendance est souvent long et rocailleux. Et dans un processus comme celui-ci, un an ne représente rien.

Le reste du continent comprend-il la cause catalane ?

Partout en Europe, on voit d’un mauvais œil le nationaliste arrogant. Il est préférable de se présenter comme une minorité qui lutte pour ses droits et qui a épuisé tous les moyens de trouver sa place en Espagne.

Roger Mateos
http://www.ara.cat

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