dimanche 15 décembre 2013

Corridor méditerranéen : une victoire européenne pour la Catalogne

La séance plénière du Parlement européen a approuvé définitivement le corridor méditerranéen, dans le cadre du nouveau règlement TEN-T qui définit les nouveaux réseaux ferroviaires prioritaires de transport européens. L’approbation a été très claire : 546 votes pour, 104 contre et 41 abstentions, comme le montre la photo jointe de mon bureau de vote. Il faut faire observer que cette carte ferroviaire ne s'approuve pas comme directive (bonne pratique suggérée aux États membre s'ils veulent la mettre en œuvre), sinon qu'elle s'approuve comme règlement européen qui est d'accomplissement obligé pour touts les États membres. Aujourd'hui est un jour très important et on peut affirmer que la Catalogne a obtenu une grande victoire européenne. Il faut rappeler que le gouvernement d'Aznar (le même personnage qui aujourd'hui a menacé le président Mas de 5 ans de prison s'il convoque un référendum) en 2003 imposa a l'UE seulement le corridor central des Pyrénées aragonaises comme unique corridor entre la péninsule ibérique et l'Europe dans la carte des corridors ferroviaires européens. Aznar marginalisa en 2003 les corridors méditerranéen et atlantique qui passaient par les Pays catalans et Euskal Herria* respectivement, à ras de la mer bien sûr. Aujourd'hui l'UE a amendé la page à toute la machinerie bureaucratique des hauts fonctionnaires de l'État espagnol : elle a éliminé le corridor aragonais du réseau prioritaire, malgré les très fortes pressions des deux derniers gouvernements espagnols, et a imposé les corridors méditerranéen et atlantique comme 2 des 9 corridors européens prioritaires, uniques corridors qui auront accès au cofinancement européen (de 20 à 40% du coût total). Personnellement je suis très content, d'avoir basé en 2009 notre campagne électorale (tant CiU* comme le PNB*) dans cette révision de la carte ferroviaire européenne, qui inclût nos corridors dans la nouvelle carte de priorités européennes (les spots électoraux, à ma pétition, nous les filmâmes au même port de Barcelone).

1.- Le nouveau règlement européen confirme définitivement la méthodologie de travail de la Commission européenne, basée principalement sur la définition d'investissements ferroviaires par des critères de création de richesse et de valeur ajoutée pour l'économie européenne.
Le nouveau règlement approuve également la carte de projets prioritaires du réseau ferroviaire principal qui incluait le corridor méditerranéen, une carte que la Commission européenne proposa déjà en octobre 2011.

Cette proposition de la commission fut approuvée amplement en décembre 2012 au comité de Transport du Parlement européen (33 votes contre 5), un comité duquel j'ai l'honneur d'en être membre depuis 2009. Ce jour de fin décembre 2012 fut aussi un grand jour : je réussis que fussent approuvées tous et chacun des 33 amendements que nous présentâmes conjointement avec le Port de Barcelone, pour que notre port fût inclus dans le réseau de priorités ferroviaires. Aujourd'hui ces amendements ont été tous approuvés !

2.- Hier durant la nuit, dans le débat à la séance plénière sur le vote d'aujourd'hui, je dis que pour la première fois le port de Barcelone serait inclus dans le réseau ferroviaire prioritaire européen et je rappelai qu'en 2003 le gouvernement d'Aznar ne l'y inclut pas. Lamentable fut la réplique que me fit le député populaire espagnol Luís de Grandes, qui dit « tous les gouvernements du PP* avaient été partisans du corridor méditerranéen ».

Quelques députés présents dans la salle rirent, il est incroyable comme dans leur discours les politiques espagnols manquent souvent à la vérité sans honte, il faut seulement regarder les cartes officielles de l'UE (je me limitai à lui répondre ceci). Au lieu de dire très bien, félicitations, dès maintenant nous travaillerons ensemble, le discours politique espagnol en plein 21ème siècle continue d'être rhétorique, rigide et dogmatique, incapable de reconnaître la réalité et niant les faits et les réalitiés les plus basiques. Sur mon compte Twitter j'y ai mis ce midi les vidéos des interventions du débat.

3.- Le corridor méditerranéen sera financé entre 20 et 40% par le budget européen, alors que le pourcentage restant devra être cofinancé par les administrations publiques étatiques et par des investisseurs privés, parce que le budget de l'UE de la période 2014-2020 ne couvre pas tout le réseau européen prioritaire.

Dans ce sens, de hauts responsables de la Commission européenne, comme maintenant Jean-Éric Paqué, ont déjà affirmé en siège parlementaire qu'ils sont partisans de « conditionner les fonds européens à un pays à l'effective construction du réseau prioritaire européen ». Jean-Éric Paqué me répondit ceci quan un jour je lui demandai ce qu'il se passait si un État membre ignorait ses obligations d'investissement : « nous sommes en train de parler d'un réseau prioritaire d'intérêt européen », rappela Paqué : « il faut que quelques ports méditerranéens soient aussi des ports européens, parce que jusqu'à maintenant sans connexion ferroviaire les ports méditerranéens sont seulement des ports locaux, qui servent seulement leur industrie locale et leur arrière-pays local ».

4.- Dans ce sens, il faut remarquer que le Corridor méditerranéen pourra être aussi cofinancé avec des « project bonds » (des émissions de bons spécifiques par projet), une initiative de la Banque européenne d'investissements et de la Commission européenne pour capter des capitaux d'investisseurs privés pour financer la construction des corridors ferroviaires européens. Pour ce motif il est tant important que les premiers corridors choisis soient basés sur une solide analyse de coût-bénéfice, pour assurer une claire probabilité de retours aux investisseurs par les bénéfices générés par l'investissement en question.

5.- Je veux être reconnaissant spécialement à Izaskun Bilbao, eurodéputée du PNB et aussi membre du comité de Transport, de sa collaboration loyale et de son grand travail durant ces dernières trois années : comme rapporteur du groupe libéral dans ce règlement (le groupe libéral lui fit confiance en la nommant pour ce règlement tant important), j'ai toujours eu information de première main de l'évolution de toutes les négociations dans toutes et chacune de leurs étapes, spécialement dans les trilogues (dialogues tripartites entre Parlement, Commission et Conseil où s'achèvent les négociations). Il ne faut pas que le règlement d'aujourd'hui passe par trilogue, puisque préalablement il avait été négocié et approuvé dans ces réunions tripartites.




Ramon Tremonsa
Député de CiU au Parlement européen


*Euskal Herria = Pays basque et Navarre réunis
*CiU = Convergència i Unió : fédération indépendantiste de centre-droit
*PNB = Parti nationaliste basque : parti nationaliste basque de centre-droit
*PP = Parti populaire : parti de droite conservateur, centraliste, monarchiste et post-franquiste
*ERC = Esquerra Republicana de Catalunya : parti indépendantiste et pancatalaniste de gauche (social-démocratie, socialisme démocratique)
*JERC = Joventuts d'Esquerra Republicana de Catalunya : branche jeunesse autonome et socialiste d'ERC

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