vendredi 10 mai 2013

"A l’éditeur de The Times" par ancien conseiller auprès FMI


Madame, Monsieur,

Votre récent article, “Mas Uprising. Splitting from Madrid would hurt Catalonia at least as much as it would Spain”, affirme que les Catalans regretteraient leur sécession de l'Espagne parce que la Catalogne est co-responsable de l'immense dette de l'Espagne. Cependant, et bien que la Catalogne ait, de toutes les régions d'Espagne, la plus forte dette en termes absolus (mais pas sur une base per capita), cette dette est seulement de l’ordre de 25% de son PIB. Ce niveau est inférieur au plafond de la dette convenu par les pays de l'Union européenne (60%) et c’est un des plus faibles parmi les pays européens - et certainement inférieur au niveau du Royaume-Uni.

En outre, la dette accumulée jusqu’à aujourd’hui est précisément due à l'absence de contrôle par la Catalogne de ses propres recettes fiscales (95% de ces recettes fiscales reviennent au gouvernement central à Madrid). Nous ne sommes pas compétents pour déterminer notre enveloppe budgétaire, celle-ci nous est assignée par Madrid, et le résultat est que nous percevons beaucoup moins que ce que nous payons, et d’ici en découle un déficit structurel d'environ 8% de notre PIB (plus élevé que dans tout autre Etat fédéral de l'Europe occidentale). Nous n’avons pas non plus de contrôle sur le moment où ces recettes fiscales nous parviennent. La Catalogne est riche parce que nous sommes un pays qui épargne et qui exporte, avec une augmentation des exportations en dehors de l'Espagne. Par conséquent, une Catalogne indépendante contrôlant à la fois ses recettes et ses dépenses n’aurait pas de problème pour régler sa dette.

La question soulevée par votre article sur la viabilité économique doit être posée à l'Espagne et non pas à la Catalogne. L'Espagne a reçu environ 130 milliards d'euros de subventions de l'Union européenne, ou plus, mais sa mauvaise gestion économique l’a conduite à accumuler une dette d'environ 90% de son PIB. Parmi d’autres investissements financiers intenables, l'Espagne a développé le plus grand réseau de trains à grande vitesse en Europe. Il est vrai que, lorsqu'ils  utilisent les trains espagnols, les touristes britanniques peuvent profiter d'un niveau de service dont ils ne disposent pas au Royaume-Uni, mais les coûts élevés requis pour ces trains sont financés en grande partie par la Catalogne et l'Union européenne, dont le Royaume-Uni est contributeur net.

 

Vicenç Ferrer

Ancien Economiste principal de la Banque Mondiale

Ancien conseiller auprès du Fonds Monétaire International


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