dimanche 15 février 2015

Pompeu Fabra, architecte restaurateur de la langue catalane

Le week-end dernier, un groupe d'excursionniste de Llança a été accueilli par ses homologues conflentois du GPRENC. Ensemble, ils ont procédé, en compagnie des membres du Casal del Conflent, à la rénovation de la flamme sur la tombe de Pompeu Fabra. PHOTO/Perre Ribas

C'est dans la capitale du Conflent, au pied du Canigó qu'il avait, à l'instar de Pau Casals, trouvé refuge au lendemain de la guerre civile espagnole. Il s'y est éteint en décembre 1948.

Il est celui qui a contribué à redonner ses lettres de noblesse à la langue catalane. Fait en sorte qu'elle soit aujourd'hui enseignée, écrite et exprimée de façon officielle et homogène aux quatre coins du monde. Charles Bauby, le fondateur de la revue Tramontane, aimait à rappeler que "le catalan avait fleuri à la glorieuse époque médiévale (...) Mais qu'après ces temps de splendeur, d'expansion et de gloire, des siècles d'asservissement de la Catalogne et de semi-abandon de l'idiome l'avaient abâtardi". Surenchérissant. Dressant constat. Avec distanciation et amertume. "Le catalan était d'une rédaction incertaine, archaïque, chaotique même".

Apte à l'expression de toutes les idées

Jusqu'aux derniers instants de sa vie, Pompeu Fabra n'a donc eu de cesse de travailler à l'unification orthographique et grammaticale de la langue. Ses premiers traités de philologie publiés dès 1891, jusqu'à son illustre dictionnaire conçu en 1932, contribuèrent de façon exemplaire à édicter ces fameuses "normes" qui, selon Bauby, a rendu le Catalan enfin "apte à l'expression de toutes les idées". Lui conférant "les rangs des langues universelles". Garantissant par là même "sa pérennité".

"C'est lui qui a sauvé la langue catalane", a martelé avec force Arthur Conte dans un discours empreint de grandiloquence, le jour de ses obsèques célébrés à Prades le 25 décembre 1948. C'est là, au pied du Canigó, que Pomeu Fabra y avait trouvé refuge, aux côtés de Pau Casals au lendemain de la guerre civile espagnole.

Belle, rajeunie, agile et forte

Dans le concert de louanges qui lui furent alors adressés, l'hommage d'Antoni Rovira i Virgili illustre à quel point l'homme était vénéré. "Il est devenu non seulement le grammairien, mais encore le législateur du catalan moderne", estimait le journaliste et homme politique, président du parlement de Catalogne en exil durant le franquisme. "Une langue est une architecture et Fabra a été l'architecte restaurateur de notre langue. Et cette langue nous la voyons, à présent, belle, rajeunie, propre, riche en couleurs et en parfums, agile et forte. Nous la voyons pleine de grâce, s'offrant, comme une glaise ductile, à nos prosateurs, à nos poètes, à nos orateurs, à tous les Catalans qui ont l'orgueil de la parler".

Depuis 45 ans, les héritiers spirituels de Pompeu Fabra entretiennent la flamme. Pour pouvoir être ensuite en mesure de mieux la régénérer. Lui donner suffisamment de vigueur pour qu'elle rayonne encore davantage dans toute la Catalogne. Le premier acte de cette "Renovació de la Flama de la Llengua Catalana", commence traditionnellement au cimetière de Prades. Où un hommage est rendu au maître devant sa tombe.

A l'invitation du Casal del Conflent, un groupe excursionniste sud catalan vient chaque année y raviver cette flamme. Qui, jusqu'au 22 février, va ensuite sillonner toute la Catalogne. Jour où elle sera accueillie à Montserrat pour une grande célébration nationale. Cérémonie à laquelle est d'ores et déjà conviée une délégation des Paillagos del Conflent.

"La cause catalane est celle de l'intelligence et du savoir", affirmait le poète roussillonnais Josep Sébastià Pons dans son discours prononcé, le 5 juillet 1945 dans le grand amphithéâtre de la Faculté de lettres de Toulouse, à l'occasion de la remise des insignes de docteur "honoris causa" à Pompeu Fabra. "Le Catalan retrouvera sa place naturelle dans la vie publique", avait-il alors auguré. "Il y parviendra d'autant plus vite que vous lui avez donné l'ordre grammatical qui commande l'ordre de l'expression, que vous avez contribué plus que tout autre à assurer sa démarche, à affermir sa volonté. Grâce à vous, il a de bonnes armes : il peut aller de l'avant".

Per sempre !

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