Tandis que l'annonce de la tenue d'un référendum sur la
souveraineté catalane a généré la polémique en Espagne, le reste de
l'Europe garde une attitude discrète, voire distante. Si la question a
notamment été qualifiée par François Hollande de "thématique espagnole
nationale" lors du 23e sommet franco-espagnol, en novembre dernier, les
indépendantistes cherchent pour leur part à promouvoir le débat sur la
scène internationale. A l'image des collectes de signatures en faveur du
droit des Catalans à s'exprimer sur leur souveraineté, organisées le
week-end dernier en Catalogne du Nord, sur le territoire français.
L'Assemblea
Nacional Catalana (Assemblée Nationale Catalane, ANC) s'était fait
connaître en septembre dernier, avec l'organisation de la Via Catalana,
cette chaîne humaine ayant regroupé plusieurs centaines de milliers de
personnes pour appeler à l'indépendance de la région. L'organisation a
lancé samedi dernier une campagne de collectes de signatures en faveur
de la tenue d'une consultation citoyenne sur la souveraineté catalane.
Objectif : faire pression sur l'Exécutif espagnol, qui à ce jour nie
toute constitutionnalité au réferendum dont la tenue a été annoncée par
Artur Mas l'an dernier, avec une date précise, le 9 novembre prochain.
Plus de 700 urnes ont été dressées le week-end dernier sur l'ensemble de
la Catalogne. Deux étaient situées en France : l'un à Prades, l'autre à
Perpignan.
Un geste amical
A l'origine de
cette consultation sur territoire français : Catalunya Nord per la
independència, organisation membre de l'ANC, dont elle représente la
section territoriale "Nord". Sous l'égide d'Hervé Py, son président,
l'association n'en est pas à son coup d'essai. Le 11 septembre dernier,
elle a réuni près de 4000 personnes au Perthus, à l'occasions de la Via
Catalana. "L'objectif de cette consultation est de permettre aux
Catalans de nationalité espagnole vivant en France de faire entendre
leur voix en faveur du référendum", explique ce dernier. "Leur
signature sera transmise à l'ANC en Espagne, pour être comptabilisée
avec les autres signatures collectées tout au long de l'opération".
Une opération qui devrait se dérouler jusqu'au printemps et qui côté
français devrait se répéter dans d'autres communes : Thuir, Saint
Laurent de Cerdans, Banyuls-sur-mer, Prats-de-Mollo... La collecte de
signature côté français est jugée "symbolique" par Xavier
Ayneto, collaborateur du site Help Catalonia, une plateforme chargée
notamment de transmettre à la presse internationale une "autre" pensée
que celle promue par l'Etat central espagnol. "C'est un geste amical", juge-t-il.
Conserver la langue
Un geste amical qui devrait se répéter un peu partout à travers le globe. "Il devrait bientôt y avoir des urnes en Bretagne",
note ainsi Hervé Py, qui avance par ailleurs que des collectes sont
prévues dans plusieurs pays des 5 continents. Pour l'intéressé, la
question s'avère cependant particulièrement sensible : "Nous n'avons été rattachés à la France sous forme de département qu'en 1789", souligne-t-il, "cela fait à peine 200 ans". "Tout ce qui se passe en Catalogne du Sud intéresse la Catalogne du Nord", rebondit-il, "nous
avons tout intérêt à ce que la Catalogne devienne un Etat à part
entière, notamment pour pouvoir conserver notre langue. Aujourd'hui,
nous n'avons aucun droit à cet égard". Une position qui reste
cependant minoritaire. Dans un article publié par le portail Help Catalonia, Eugeni Casanova estime : "Paris pourrait se positionner
contre l'indépendance de la Catalogne par crainte d'une possible
contagion à ses citoyens, mais sur ce point, le gouvernement ne
s'inquiète pas, ça fait des années que la Catalogne Nord est assimilée.
Les votes des partis catalanistes ne dépassent pas les 1,5% et les
revendications sont seulement identitaires".
Si l'ANC, en
France comme en Espagne, a décidé de garder pour l'instant secret le
nombre de signatures collectées, la mobilisation s'est avérée "plus importante que prévu",
pour Hervé Py et ses équipes. Quelques centaines de personnes ont signé
la pétition, dont un bon nombre de Français, qui ont exprimé leur "vote
de soutien" à la tenue du réferendum, de l'autre côté des Pyrénées.
Leur voix ne devrait pas être pris en compte dans la pétition que l'ANC
entend présenter au gouvernement espagnol.
Source: Le Petit Journal
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