dimanche 19 janvier 2014

L’horrible et coûteux hégémonisme castillan de l'Institut Cervantès



L'Institut Cervantès aborde l'exercice 2014 avec un confortable budget de 110.450.000 €. Il s’agit d’un chiffre considérable, compte tenu de la conjoncture économique de l’Espagne. Parmi les mesures prises par l'Institut espagnoliste, figurent celle de ne fermer aucun de ses 84 centres dans 44 États et de ne pas réduire le moins du monde son personnel déjà pléthorique.
L'Institut délivre les « DELE » (les Diplômes d’Espagnol Langue Étrangère) et a annoncé qu'il augmentera les sessions et la variété des qualifications (commerciales, scolaires, économiques et par Internet). Pour cela, il accroîtra les dépenses pour des locations de salles spécialement réservées aux examens et pour des travaux destinés aux sièges de Bruxelles, de Paris et de Varsovie. Dans la capitale polonaise, l'Institut dispose d'un bâtiment de cinq étages.

Tout cela pour promouvoir la langue castillane qui, comme chacun sait, est à l’agonie avec ses 528 millions de locuteurs. Pendant ce temps, l'Institut méprise, dans l’indifférence, des langues censées être espagnoles comme l’asturo-léonais et l'aragonais, ou se comporte avec arrogance avec le galicien, le basque ou le catalan. Sur les 210.000 inscriptions de l'Institut, par exemple, 207.000 correspondent au castillan, 900 au catalan, 100 au basque et 100 au galicien. L’ensemble des événements culturels de l'Institut porte sur le castillan.

Il suffit de jeter un œil sur le site de l'Institut pour constater l’hégémonisme latent du castillan. En effet, on ne s’est même pas donné la peine  de proposer des versions dans les langues qui, peut-on supposer, sont aussi promues par le site web. Le logo même de l'Institut ressemble à un “ñ”, lettre qui n'existe pas dans les autres langues « espagnoles ». L'Institut est imperméable à l'idée dont l'écrivain romantique Victor Hugo s’est fait l’écho : «  Il n’y a pas de petit peuple. La grandeur d'un peuple ne se mesure pas plus au nombre que la grandeur d’un homme ne se mesure à la taille.»
Ce doit être parce que la langue qui a besoin de promotion, dans laquelle il faut investir, c’est le castillan. Les autres langues espagnoles se suffisent à elles-mêmes. À quoi bon les aider ? À moins que, peut-être, le castillan ne soit supérieur aux autres langues ? Celui qui se met à croire que des langues sont supérieures à d’autres finit par soutenir que des personnes le sont aussi par rapport à leurs semblables.


Jordi Vàzquez
(@JordiVazquez, Éditeur de Help Catalonia)
 


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