dimanche 16 juin 2013

La France est la clef de la reconnaissance diplomatique de la Catalogne





La décision de l'Élysée conditionnera totalement le processus d'indépendance catalan



La visite du président catalan, Artur Mas, la semaine dernière à Paris n'était pas une visite quelconque. Il s’est rendu à l'UNESCO et il a eu un entretien avec la direction de la SNCF. Il devait également être reçu par le ministre français de la Défense, qui jusqu'à récemment était également le président du Conseil de Bretagne. Les pressions exercées par le gouvernement de Madrid pour minimiser le côté institutionnel de la visite peuvent avoir joué un rôle dans l’annulation de cette dernière rencontre, et le chef du gouvernement catalan n’a pas eu l'occasion d'expliquer directement à un membre du gouvernement français la position catalane sur le droit de décider. Mais cette rencontre devrait avoir lieu dans les mois prochains à Barcelone. Et ceci est un élément clé dans la bataille pour la reconnaissance diplomatique.

Quelques heures avant le voyage de M. Mas, il y avait eu un bras-de-fer entre le gouvernement de Madrid et le gouvernement catalan concernant cette rencontre. Madrid insistait sur le fait que le ministre Jean-Yves Le Drian ne recevrait pas M. Mas en tant que Ministre de la Défense, mais en tant que président de la Conférence des Régions Périphériques Maritimes d'Europe. Au niveau politique, cependant, la distinction n'a pas grande importance, et de toute façon, elle avivait les nerfs de l’exécutif de Madrid, qui a veillé à éviter la photographie de M. Mas avec un ministre français. Le fait est que Le Drian est l'un des ministres les plus influents du gouvernement français et en ce sens un interlocuteur privilégié pour le gouvernement catalan.

Le gouvernement catalan travaille depuis des mois à définir les grands intérêts diplomatiques de la Catalogne. Il est évident que certains sont logiquement incontournables: les Etats-Unis, Israël, la Chine, le Maroc ... Ces Etats exigent une attention particulière, soit par leur capacité à faire pencher la balance en faveur de la Catalogne, soit par la nécessité d'éviter qu’ils se situent clairement contre, en prévision du jour où une proclamation d’indépendance obligera les Etats étrangers à se prononcer à son sujet.

Si cela se produit, il serait logique que certains petits Etats européens franchissent le pas de reconnaître la Catalogne de manière plus ou moins immédiate. Mais tout le monde sait que ce qui ferait finalement pencher la balance en faveur de la Catalogne serait la reconnaissance des deux grands, l'Allemagne et la France. Une reconnaissance qui consoliderait internationalement cette indépendance sans permettre un retour en arrière.

Les deux Etats considèrent le fait catalan avec une grande discrétion, conscients de leur responsabilité. Et ils ont agi jusqu'à présent avec une grande prudence. Ils n’ont fait aucune déclaration favorable à l’indépendance, mais ils n’ont pas cédé aux pressions de l’Espagne pour se positionner contre l’indépendance. Un signal qui rend très nerveuse la diplomatie espagnole.

Mais de ces deux Etats, tout indique que c’est la France qui prendra les devants. L’Allemagne et la France ont convenu depuis longtemps de respecter leurs propres sphères d'influence et de donner la priorité à l’un ou à l’autre Etat en conséquent. Par exemple, c’est la France qui oriente la politique méditerranéenne de l’Europe tandis que l'Allemagne oriente la politique orientale. Pour le cas de la Catalogne, tout porte à croire que l'Allemagne attendra de voir ce que fait la France pour suivre ses pas.

Et les pas de la France seront au bout du compte dictés par les énarques, bien représentés au Quai d’Orsay, qui ont toujours un rôle de premier plan dans les décisions de politique étrangère. Et les énarques ont une connaissance profonde de l'Histoire de France. Cette connaissance peut être en définitive une des clés de la décision française.

Parce qu’ils ont dans la mémoire la carte de l'Europe napoléonienne et dans cette carte la Catalogne… c’est la France. Il s'agit d'une carte à peine connue dans nos écoles catalanes, mais courante dans l'enseignement français. L'idée de la Catalogne comme une zone de transition, une sorte de Belgique du sud, a été mise sur la table maintes fois au cours des derniers mois, dans des discussions intellectuelles et universitaires. C'est une perspective qui est vue avec intérêt depuis Paris et que l'Espagne étudie avec terreur non dissimulée.

C’est peut-être la cause de l’intense réaction quand on a su qu’Artur Mas serait reçu par M. Le Drian.

Source: www.vilaweb.cat

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