C’est un tournant inédit sur
la scène politique catalane. Le baromètre politique du journal El Periódico pronostique
pour la première fois une victoire d’ERC, la gauche indépendantiste, devant CiU, les centristes souverainistes. Ces deux partis creuseraient en outre l’écart
avec les partis espagnols.
Le souverainisme gagne
du terrain. ERC gagnerait les élections législatives en Catalogne d’après le
baromètre politique publié le 7 juin par El Periódico de Catalunya (proche des
socialistes catalans), qui donne un résultat tout à fait inédit. D’après le
sondage, si des élections avaient lieu dimanche, le résultat serait de 39/40
sièges pour ERC et de 34/35 pour CiU. Le
PSC (socialistes fédéralistes, liés au PSOE espagnol) obtiendrait de 16 à 17
sièges, ICV (gauche alternative) de 15 à 16 ; le Parti Populaire espagnol
(droite unioniste) de 13 à 14, Ciutadans (parti protestataire unioniste) de 12
à 13, et la CUP (gauche radicale indépendantiste) 3 sièges.
Jamais un sondage
n'avait pronostiqué la victoire d’un autre parti que CiU ou le PSC. En outre, ces
résultats consolideraient le bloc favorable à l’exercice de l’autodétermination (ERC,
CiU, ICV et CUP), qui dépasserait les deux tiers du Parlement en passant de 87 sièges
à 91 ou 94 sièges . Si l’on y ajoute le PSC, qui est favorable à la tenue d’un
référendum à condition que celui-ci soit accepté par Madrid, ce bloc aurait entre 107 et 111 députés
(contre 107 à l’heure actuelle). Le bloc unioniste passerait de 28 sièges à
entre 25 et 27.
Le grand
vainqueur des élections serait ERC, qui gagnerait les élections pour la
première fois depuis la fin de la dictature fasciste, en ajoutant entre 18 et
19 sièges aux actuels 21. CiU obtiendrait les pires résultats de son histoire,
perdant entre 15 et 16 sièges. Le PSC s’effondre en perdant entre 3 et 4 des 20
sièges actuels et il est à deux doigts de devenir la quatrième force politique,
après avoir été le principal parti d’opposition pendant des décennies, talonné
par une ICV en hausse, qui pourrait ajouter entre 2 et 3 sièges aux 13 qu’elle
détient actuellement.
Le Parti Populaire
perd de 5 à 6 sièges et deviendrait le cinquième voire le sixième parti au Parlement,
après avoir été la troisième force politique en 2010, et la quatrième en 2012,
souffrant de la concurrence du parti contestataire espagnoliste Ciutadans, qui
ferait presque jeu égal avec le PP en passant de 9 sièges à 12 ou 13. Enfin, la
CUP conserverait ses trois députés sans aucune variation.
Les médias de Madrid, choqués par ce « triomphe de l'indépendantisme »
Les médias
espagnols ont très mal pris les résultats de ce sondage. Pour le journaliste Fernando
Ónega, sur Onda Cero, « c’est un coup de poignard dans le cœur de l'Espagne. »
Il s’est dit choqué par la « chute des partis organiquement espagnols [PSC
et PP]. Il ne sont pas bien vus. Ciutadans monte, mais c’est un parti qui ne
dépend pas de Madrid. » Il conclut également que «le plus important
dans ce sondage, c’est qu’il montre que l’Espagne en tant que concept est en berne,
et que l’indépendantisme s’impose comme mouvement qui englobe l’ensemble du
spectre politique, de la gauche à la droite. » Et le journaliste d’interpeler
le gouvernement espagnol, se demandant
quelle est sa feuille de route pour freiner le mouvement indépendantiste : « Le
gouvernement espagnol, l'Etat, sont-ils conscients de la gravité de la
situation ? A en juger par ce qu’il fait, je commence à croire que non. »
Source : www.naciodigital.cat
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