On parle très souvent des
propositions portant sur le futur de la société catalane qui sont formulées depuis
la Catalogne mais l’on parle très peu des propositions que l’Espagne fait aux Catalans.
Pourquoi donc? Tout simplement parce qu’il n’y a pas de proposition alternative
espagnole visant à améliorer la situation actuelle.
Ce que le Parti Populaire
espagnol propose, c’est, au bout du compte, de façon édulcorée, moins d’autonomie.
Les socialistes proposent un Etat fédéral sans autre précision, et quand ils apportent
des précisions, c’est pour prévenir, d’emblée, qu’il ne s’agit pas de doter la
Catalogne de structures propres à un Etat. La question est donc la suivante:
quelles seront les membres de cette Espagne fédérale? N’y aura-t-il pas d’Etats
fédérés ? La réponse socialiste, jusqu’à présent, est de dire qu’il s’agira d’un
système d’autonomie régionale limitée, comme à l’heure actuelle, mais rebaptisé
« fédéral ». La gauche radicale d’Izquierda Unida propose aussi une
Espagne fédérale sans autre précision, tandis que les autres partis politiques
espagnols exigent la limitation ou l’élimination de l’autonomie régionale.
Les propositions qui
arrivent d’Espagne n’offrent aucune alternative visant à reconnaître la
Catalogne comme nation. Ce sont des propositions décevantes qui présagent un avenir
sombre pour les Catalans. La politique menée jusqu’à présent vis-à-vis de la
langue catalane nous le prouve. Il s’agit de propositions qui ignorent tous
ceux qui croient en un Etat espagnol plurinational.
Et tout cela pourquoi ?
Parce qu’il y a deux façons de comprendre les relations entre les membres d’une
collectivité. Il s’agit de deux façons de s’organiser qui sont devenues
contraires et antagoniques. Les uns veulent dialoguer, les autres imposer.
L’Espagne actuelle illustre
l’échec de ce catalanisme qui avait crû que la Catalogne pouvait avoir un
avenir en tant que nation au sein de l’Espagne. Cette tentative d’intégration
harmonieuse a été activement mise en œuvre par l’ensemble des partis catalans
qui se sont succédés aux commandes du mouvement national catalan. La liste des
personnes ayant œuvré au nom de cet idéal est longue et variée et tous le
firent avec la conviction que la Catalogne, les Catalans dans leur ensemble, avaient
un avenir en Espagne.
Les Catalans qui ne croyaient
à la possibilité d’intégrer harmonieusement la Catalogne au sein de l’Espagne étaient
minoritaires jusqu’à présent. C’est ce qui a changé, désormais, et ce
changement a plongé les Espagnols dans le désarroi. Ils ne comprennent pas. Et
ils ne comprennent pas parce qu’ils n’ont jamais voulu écouter les minorités existant
dans l’Etat espagnol. Leur façon d’agir, c’est d’imposer, la Cour Constitutionnelle
espagnole nous le montre une fois de plus en suspendant la déclaration de souveraineté
du Parlement de Catalogne.
Les Espagnols avaient
présenté l’arrêt de la Cour Constitutionnelle espagnole du mois de juin 2010 relatif
au Statut d’autonomie catalan comme un énorme triomphe, parce que il mettait
fin aux chimères catalanes, jusqu’au moment où ils se sont rendus compte qu’il
s’agissait du début de la fin de l’Espagne telle qu’on la connaît. Quel que
soit le résultat du processus visant à exercer le droit des catalans à décider,
le système d’autonomie régionale limitée tel qu’on le connaît aujourd’hui est
caduc. L’Espagne surgie de la Transition démocratique a échoué.
En Catalogne, le débat sur
ce que nous sommes et ce que nous voulons être continue avec force. En Espagne personne
ne veut engager le débat sur le futur politique espagnol.
La société catalane a envie
d’être séduite et elle n’acceptera qu’un projet séduisant qui lui laisse
entrevoir un avenir meilleur. Elle ne veut que cela.
Et elle le fera, peu importe
ce qu’en pense l’Espagne.
Jordi Colomines
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