mercredi 29 mai 2013

Le droit des Catalans à décider et le vote du Parlement catalan du 13 mars 2013

Le Parlement de Catalogne a franchi une nouvelle étape sur la route suivie par les Catalans pour obtenir le droit de décider. Il s’agit d’une résolution qui a obtenu les voix de 104 des 135 députés que compte le Parlement, auxquels on peut ajouter 3 abstentions critiques. Et c'est un fait de la plus haute importance.
Mais pourquoi ce nouveau vote du Parlement est-il important, alors que cette institution a déjà adopté le 26 janvier 2013 une déclaration sur la souveraineté et le droit de décision du peuple de Catalogne? C'est pour plusieurs raisons qui peuvent être résumées comme suit:
• Parce qu’une nouvelle force politique est venue se joindre à la majorité parlementaire qui revendiquait déjà de pouvoir exercer le droit de décider, le droit de voter démocratiquement. Convergència i Unió (la coalition centriste au pouvoir), Esquerra Republicana (la gauche républicaine), Iniciativa per Catalunya (la gauche écologiste) et Candidatura d’Unitat Popular (la gauche radicale),  ont été rejoints par le Parti socialiste catalan. Un vote qui a eu pour résultat 104 voix pour, et 3 abstentions critiques de la Candidatura d’Unitat Popular, qui ne voyait pas l’utilité de procéder à un nouveau vote. Si l’on y intègre l’abstention, on obtient un soutien de 77% du Parlement.
• Parce que ces 104 députés, plus trois abstentions critiques, représentent un total de 2.625.230 citoyens. Et 72,19% des voix lors des dernières élections du 25 novembre 2012, auxquelles ont participé 3.668.310 citoyens, soit un taux de participation de 67,76% sur un total de 5.413.769 électeurs inscrits.
• Parce que ce vote démontre une fois encore que les 27 députés qui s’opposent à ce que les Catalans puissent exercer le droit démocratique de voter représentent une minorité, très bruyante certes, de la société catalane : 23%, 446.688 citoyens. Ce sont les électeurs du Parti Populaire et du parti Ciutadans.
• Parce que ce vote a permis aux socialistes catalans de s’intégrer au processus pour le droit de décider, sans être marginalisés. Ils sont revenus à l'endroit qu’ils n'auraient jamais dû quitter.
• Parce qu'une fois encore, comme c’était également le cas dans la déclaration de souveraineté, la priorité est donnée au dialogue avec l'Espagne, afin de pouvoir exercer le droit de décider en accord avec eux. La déclaration proclamait déjà comme principe d'action, et je cite: «Dialogue. Un dialogue et des négociations seront engagés avec l’Etat espagnol, les institutions européennes et l’ensemble de la communauté internationale. »
• Parce que nous devrons avoir le bon droit de notre côté pour obtenir le soutien de la communauté internationale si l'Espagne nous refuse le droit de voter. Et nous n’obtiendrons la reconnaissance internationale que si nous prouvons que, malgré maintes et maintes tentatives de dialogue, l'Etat espagnol tourne le dos aux Catalans.
• Parce qu’il nous faut, en premier lieu, une large majorité en vue d’exercer le droit démocratique de voter sur la relation politique que nous voulons avoir avec l'Espagne.
L'Espagne présente l'exercice du droit démocratique de décider comme une attaque contre l’indissoluble unité espagnole et par conséquent un droit impossible à exercer. Parce que pour eux, au-delà des citoyens catalans, il y a l’essence immatérielle de l’Espagne. Une idée soutenue par tous les partis politiques espagnols. Une idée résumée ainsi : droit de décider égal indépendance.
J'aimerais bien que ce soit ainsi, mais ce n’est pas vrai. Et nous tous qui croyons que la meilleure option pour les Catalans est d’avoir leur propre Etat, nous devons être conscients que voter ne signifie pas gagner.
Car une façon de faire échouer le référendum, c’est de faire en sorte que le taux de participation minimal qui ne manquera pas d’être requis ne puisse être atteint. Un taux de participation qui ne sera possible qu’avec la participation de tous ceux qui veulent un Etat catalan, ceux qui préconisent une Espagne fédérale et ceux qui veulent rester une région (plus ou moins) autonome.
Et c'est le premier objectif que nous devons atteindre. Le taux de participation.
Il est donc irritant d'entendre et de lire les commentaires de catalans radicaux traitant de traîtres et  de dégonflés tous ceux qui ne veulent pas déclarer l'indépendance maintenant. J’ai envie de leur poser cette question: et le lendemain de la déclaration unilatérale d'indépendance (la DUI, comme ils disent), que ferons-nous? Qui nous reconnaîtra? Parce que nous ne sommes ni le Kosovo, avec le soutien de l’OTAN, ni la Lituanie et les pays baltes, avec une Union soviétique en décomposition.
Il nous faut nous rassembler, et ce vote était un pas en avant.
Jordi Colomines

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