mercredi 14 août 2013

L’Etat comme un mécanisme des citoyens


Comme je suis démocrate, et puis républicaine, je perçois les institutions politiques comme des mécanismes pour garantir les droits et les intérêts des citoyens. Sans ambages, un Etat — ou n’importe quel autre niveau d’administration — a du sens dans la mesure où les citoyens y trouvent de l’utilité. Ou, c’est-à-dire une institution politique doit être considérablement modifiée si les citoyens ont la conviction que, sous la forme actuelle, elle ne sert plus à rien.

La Catalogne a le droit de convoquer un référendum d’indépendance, et elle n’a pas ce droit parce que quelqu’un a inventé ce droit, ou parce que quelqu’un a présenté une nouvelle nation, mais elle l’a parce que les citoyens ont le droit, en Catalogne et partout le monde, de décider comment doivent être leurs institutions. Pour une raison ou pour une autre, parce que ce sont les citoyens qui se sont équipés des institutions pour se gouverner. Bien que ça n’en déplaise á plusieurs, les institutions n’émanent pas d’un droit divin…

Dans l’affaire catalane, la disparité de discernement politique entre la Catalogne et l’Etat espagnol sur des domaines directeurs de la société s’est mise en relief récemment. Et elle ne fait que grandir. La liste des conflits politiques entre l’Etat espagnol et la Catalogne est longue, mais il vaut la peine de souligner un d’eux pour être conscients de leur portée. Et ils acquièrent de l’intensité de plus en plus. D’abord, même si un large group de la société — y compris tous les patronats et tous les syndicats, et aussi presque tous les partis politiques — revendique depuis des décennies la construction d’un corridor ferroviaire de marchandises pour connecter la côte méditerranée avec le nord d’Europe à grande vitesse, les successifs gouvernements espagnols ont refusé d’investir. Par conséquent, une infrastructure que la société catalane considérait essentielle pour le développement économique et social de la côte méditerranée, l’Etat espagnol l’a méprise avec persistance et sans aucun argument économique.

Il est bien connu aussi que le 80 % du Parlement de Catalogne soutient le système d’immersion linguistique en catalan et, malgré que la Catalogne dispose des compétences relatives á l’enseignement, l’Etat espagnol essaie depuis plusieurs années d’éliminer ce système par la voie judiciaire. Et pourtant l’immersion linguistique garantit que les élèves dominent autant le catalan que l’espagnol à la fin de l’enseignement obligatoire et, de fait, elle permet que les élèves catalans remportent des notes en langue espagnole bien plus hautes que la moyenne espagnole. En tout cas, le système d’enseignement défendu massivement par la société catalane est constamment attaqué par les institutions espagnoles.

Finalement, quant à la relation fiscale entre la Catalogne et l’Etat espagnol, tandis que la majorité des catalans considère que la contribution nette à l’Etat est excessive (8,5 % du PIB catalan, c’est-à-dire 16,5 Milliards d’euros par an), et sans comparaison en Europe, l’Etat espagnol se montre inflexible à réviser le système de financement catalan.

Devant ces profondes divergences politiques, et devant la perception que l’Etat espagnol ne représente pas les Catalans ni la défense de leurs intérêts, les citoyens ont le droit de s’équiper d’un autre Etat qui leur soit plus utile.


Marta Rovira
Secrétaire générale d’Esquerra Republicana de Catalunya

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