samedi 27 juillet 2013

L’Espagne du sauvetage économique

Je la sens plus loin à chaque fois, cette Espagne périmée, irrationnelle et injuste, qui n’a pas seulement besoin d’un “sauvetage” bancaire. Ma désaffection commence même à dépasser la rage contre les TGV vers nulle part, les aéroports inutiles ou les péages injustes qu’on ne paie pas seulement sur les autoroutes. « Le sujet » est devenu une « question » personnelle.

Cela fait des années que j’ai décidé de ne plus me servir de la nationalité espagnole. Je suis certain que pour être catalan, je n’ai pas besoin d’un passeport espagnol –ceux qui pensent comme moi considèrent aussi leurs passeports comme étant « étrangers ». Moi, je suis tout simplement catalan (d’adoption, bien évidemment) avec un passeport (et visage) d’allemand – et il n’y a aucun souci. 

J’en étais persuadé… Jusqu’au moment où ma carte de résidence a expiré et j’ai voulu la remplacer par le « certificat de numéro d’identification des étrangers » (NIE) un document dont le nom fait penser à des régimes du passé et qu’on demande directement à la Police Nationale –personnellement et non pas au commissariat de la ville de Gérone. J’y suis allé avec tous les documents nécessaires que j’avais trouvés grâce à Internet, car je n’avais pas pu le faire par téléphone puisque les enregistrements automatiques ne font pas de différences entre les « communautaires » et le reste du monde et sont le meilleur exemple du mépris de l’administration espagnole envers les êtres humains.

Après avoir vérifié que les immigrants illégaux ne sont reçus avec tous les égards que devant les caméras, je suis monté au premier étage, celui réservé aux communautaires, où j’ai eu droit à une fonctionnaire qui devait encore apprendre qu’elle gagne sa vie pour rendre service aux citoyens.

Elle m’a obligé à parler en espagnol en affirmant qu’on était en « territoire espagnol ». Puisque je voulais seulement faire cette démarche administrative au plus vite (sans chercher à avoir des problèmes), j’ai commencé à sortir tous mes papiers. Elle ne les a même pas regardés. « Vous voulez que je vous dise ce qu’il faut apporter ? » fut toute sa réaction. « Une nouvelle loi est sortie et les informations du site internet sont obsolètes depuis trois semaines, et ce n’est pas ma faute, et ce n’est pas ma faute non plus si les téléphones ne fonctionnent pas », me lance-t-elle. 

De plus, elle m’a oublié pour continuer sa conversation avec sa collègue de la salle d’à-côté, sans bouger de sa chaise, évidemment. En plein XXIe siècle, c’est intolérable d’accepter ce traitement vexatoire de la part d’une employée de l’Etat, et de perdre son temps et parcourir des kilomètres sans que cet État soit capable d’actualiser ses sites web ni d’organiser, comme il faut, les services qu’il est obligé de fournir. Désormais je vivrai en Catalogne comme un fugitif sans papiers, nous verrons bien ce qui va se passer…

Thomas Spieker

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