L’on dit que l’indépendantisme catalan trouverait sa source dans l’arrêt de la Cour constitutionnelle espagnole de 2010 limitant le Statut d’autonomie de la Catalogne voté en 2006, ainsi que dans la crise économique actuelle, qui rendrait particulièrement insupportable la spoliation financière mise en œuvre par le gouvernement espagnol à l’encontre de la Catalogne.
Mais la lutte des catalans pour leurs libertés fait partie de l’Histoire.
Le texte que nous présentons brosse un tableau sommaire de deux personnages qui font partie du patrimoine de la Catalogne. Tous deux s’appelaient Francesc Macià et tous deux atteignirent également le grade de colonel. Mais des siècles les séparent ainsi que les circonstances de leur action.
Francesc Macià i Ambert (1658?-1713) est connu sous le nom de Bach de Roda. Ce propriétaire terrien lutta contre les occupations françaises de la fin du XVIIe siècle. Pendant la guerre de Succession (conflit européen non seulement dynastique, opposant les Habsbourg aux Bourbons, mais aussi politique et économique), les catalans prirent parti pour Charles d’Autriche, un Habsbourg.
En 1714, Bach de Roda participa à la révolte des «vigatans» (dirigeants et guerriers favorables aux Habsbourg d’Autriche, dans la région de Vic, dans le centre de la Catalogne). En 1705 il participa à la prise de Barcelone et, en 1705 et 1706, à sa défense contre les Bourbons soutenus par la Castille.
Au cours des années suivantes, il obtint le grade de colonel de fusiliers de montagne. En 1713, il continua la lutte, malgré l’occupation de la ville de Vic et bien que la Catalogne ait été abandonnée, suite au Traité d’Utrecht, par l’Angleterre et la Hollande, ses alliés au début de la guerre. Finalement, alors qu’il se trouvait dans un de ses mas, Bach de Roda fut trahi et pendu à Vic sans autre forme de procès.
La guerre se termina par la conquête de Barcelone le 11 septembre 1714.
Ceci fut synonyme d’exécutions, d’emprisonnements, de bannissements, d’exils. Le Décret de Nova Planta de 1716, imposé par l’Espagne, instaura un nouvel ordre politique et administratif, supprimant l’autonomie catalane. Sur le plan économique, dès 1714, les Bourbons imposèrent le paiement d’un impôt de guerre et, en 1716, ils s’arrogèrent l’impôt cadastral.
Francesc Macià i Llussà (1859-1933) entra à l’académie du génie militaire en 1874. En 1895 il devint commandant et en 1904 lieutenant-colonel. En raison des incidents survenus en 1905 au Cu-cut (revue satirique catalane à succès, dont les locaux furent pris d’assaut et détruits par les militaires suite à la publication d’une caricature assimilée à une attaque contre l’armée), il condamna l’anti-catalanisme et, en 1907, présenta sa candidature au nom du partit catalaniste Solidaritat Catalana, devant, pour ce faire, renoncer à sa carrière militaire et au grade de colonel.
Elu député de Les Borges Blanques, il créa en 1919 la Fédération Démocratique Nationaliste et en 1922 le parti Estat Català, dont objectif était l’instauration d’une République catalane. Exilé après le coup d’Etat du général espagnol Primo de Rivera de 1923, il fit sans succès une tentative d’invasion de la Catalogne en 1926 à partir de la commune de Prats de Molló (Catalogne du Nord, en France) pour laquelle il fut jugé en France.
A la fin de la dictature (1931) il retourna en Catalogne et participa à la création d’Esquerra Republicana de Catalunya (ERC). Vainqueur aux élections municipales, il proclama la République catalane le 14 avril 1931 mais, suite à une négociation avec le gouvernement de Madrid, accepta postérieurement un Statut d’autonomie pour la Catalogne au sein de l’Etat espagnol et devint président du gouvernement catalan autonome jusqu’à sa mort en 1933.
Le gouvernement de Catalogne, appelé Generalitat, fut abrogé par la dictature du général Franco après la guerre civile en 1939. S’ensuivirent des années de camps de concentration, d’exécutions, d’emprisonnements, de bannissements, d’exils.
Actuellement, ERC est le deuxième parti du Parlement autonome de Catalogne et un des partis nationalistes catalans qui luttent pour l‘indépendance de la Catalogne.
Francesc Bonastre i Santolària.
Espagnol
Mais la lutte des catalans pour leurs libertés fait partie de l’Histoire.
Le texte que nous présentons brosse un tableau sommaire de deux personnages qui font partie du patrimoine de la Catalogne. Tous deux s’appelaient Francesc Macià et tous deux atteignirent également le grade de colonel. Mais des siècles les séparent ainsi que les circonstances de leur action.
Francesc Macià i Ambert (1658?-1713) est connu sous le nom de Bach de Roda. Ce propriétaire terrien lutta contre les occupations françaises de la fin du XVIIe siècle. Pendant la guerre de Succession (conflit européen non seulement dynastique, opposant les Habsbourg aux Bourbons, mais aussi politique et économique), les catalans prirent parti pour Charles d’Autriche, un Habsbourg.
En 1714, Bach de Roda participa à la révolte des «vigatans» (dirigeants et guerriers favorables aux Habsbourg d’Autriche, dans la région de Vic, dans le centre de la Catalogne). En 1705 il participa à la prise de Barcelone et, en 1705 et 1706, à sa défense contre les Bourbons soutenus par la Castille.
Au cours des années suivantes, il obtint le grade de colonel de fusiliers de montagne. En 1713, il continua la lutte, malgré l’occupation de la ville de Vic et bien que la Catalogne ait été abandonnée, suite au Traité d’Utrecht, par l’Angleterre et la Hollande, ses alliés au début de la guerre. Finalement, alors qu’il se trouvait dans un de ses mas, Bach de Roda fut trahi et pendu à Vic sans autre forme de procès.
La guerre se termina par la conquête de Barcelone le 11 septembre 1714.
Ceci fut synonyme d’exécutions, d’emprisonnements, de bannissements, d’exils. Le Décret de Nova Planta de 1716, imposé par l’Espagne, instaura un nouvel ordre politique et administratif, supprimant l’autonomie catalane. Sur le plan économique, dès 1714, les Bourbons imposèrent le paiement d’un impôt de guerre et, en 1716, ils s’arrogèrent l’impôt cadastral.
Francesc Macià i Llussà (1859-1933) entra à l’académie du génie militaire en 1874. En 1895 il devint commandant et en 1904 lieutenant-colonel. En raison des incidents survenus en 1905 au Cu-cut (revue satirique catalane à succès, dont les locaux furent pris d’assaut et détruits par les militaires suite à la publication d’une caricature assimilée à une attaque contre l’armée), il condamna l’anti-catalanisme et, en 1907, présenta sa candidature au nom du partit catalaniste Solidaritat Catalana, devant, pour ce faire, renoncer à sa carrière militaire et au grade de colonel.
Elu député de Les Borges Blanques, il créa en 1919 la Fédération Démocratique Nationaliste et en 1922 le parti Estat Català, dont objectif était l’instauration d’une République catalane. Exilé après le coup d’Etat du général espagnol Primo de Rivera de 1923, il fit sans succès une tentative d’invasion de la Catalogne en 1926 à partir de la commune de Prats de Molló (Catalogne du Nord, en France) pour laquelle il fut jugé en France.
A la fin de la dictature (1931) il retourna en Catalogne et participa à la création d’Esquerra Republicana de Catalunya (ERC). Vainqueur aux élections municipales, il proclama la République catalane le 14 avril 1931 mais, suite à une négociation avec le gouvernement de Madrid, accepta postérieurement un Statut d’autonomie pour la Catalogne au sein de l’Etat espagnol et devint président du gouvernement catalan autonome jusqu’à sa mort en 1933.
Le gouvernement de Catalogne, appelé Generalitat, fut abrogé par la dictature du général Franco après la guerre civile en 1939. S’ensuivirent des années de camps de concentration, d’exécutions, d’emprisonnements, de bannissements, d’exils.
Actuellement, ERC est le deuxième parti du Parlement autonome de Catalogne et un des partis nationalistes catalans qui luttent pour l‘indépendance de la Catalogne.
Francesc Bonastre i Santolària.
Espagnol
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