Un nouvel impôt fut créé, le "cadastre", qui fut appliqué aux propriétés et aux personnes. Depuis le début de la crise financière actuelle, le débat sur la discrimination économique dont souffre la Catalogne a pris une grande importance au sein de sa société. Elle se plaint qu’une grande partie des impôts payés en Catalogne ne s'appliquent pas sur ses besoins ni sur ses infrastructures, que le système de financement est injuste et que l’État espagnol donne la priorité aux investissements basés sur des aspects politiques et non économiques, comme dans le cas du couloir méditerranéen.
Cette situation a déjà commencé, il y a trois siècles, lorsque la Catalogne, vaincue lors de la guerre de Succession (1701-1714), fut soumise à une pénalisation sous la forme d’un ensemble d’impositions économiques qui furent maintenues et adaptées aux temps nouveaux au cours du 19e et 20e siècle.
Au début du 18e siècle, les monarchies absolues révisèrent leurs systèmes fiscaux pour couvrir leurs dépenses engendrées par les guerres. Les impôts devaient être augmentés sans qu’une une reprise de l’économie ne soit perceptible. Dans le Royaume de Castille, avec des finances chaotiques et d’énormes déficits, cela fut impossible. Les conseillers de Philippe V, roi depuis 1700, s’opposaient à l’augmentation de la pression fiscale pour les contribuables castillans. La Couronne d’Aragon de son côté, c’est-à-dire la confédération de royaumes que formaient le Royaume d’Aragon, le Royaume de Valence et la Principauté de Catalogne, n’y consentaient pas non plus.
Depuis le début de la crise financière actuelle, le débat sur la discrimination économique dont souffre la Catalogne a pris beaucoup d’importance au sein de sa société qui se plaint qu’une grande partie des impôts payés en Catalogne ne s'appliquent pas sur ses besoins ni sur ses infrastructures, que le système de financement est injuste et que l’État espagnol donne la priorité aux investissements basés sur des aspects politiques et non économiques, comme dans le cas pour le couloir méditerranéen.
Il s’agit d’une situation qui commença déjà il y a trois siècles quand la Catalogne, vaincue lors de la guerre de Succession (1701-1714), était soumise à une pénalisation sous la forme d’un ensemble d’impositions économiques qui furent maintenues, adaptées aux nouveaux temps au cours du 19e et 20e siècle.
Avant et après
La Catalogne disposait précisément d’un système fiscal dans lequel le gouvernement même, nommé Diputació del General ou Generalitat, encaissait et administrait les impôts, et non le roi comme en Castille. Cette situation permit aux catalans d’avoir suffisamment de liberté pour décider de contribuer ou non à la politique extérieure de la monarchie hispanique. Pourtant, les allures impériales étaient peu attractives pour les catalans et ils refusaient souvent de payer.
Après la fin de la guerre de Succession, l’objectif des ministres de Philippe V était que la Catalogne, qui avait lutté aux côtés de l’archiduc Charles et des alliés anglo-hollandais, assume les coûts de l’armée qui l’occupait. À cet effet, un nouvel impôt fut créé, le "cadastre", qui fut appliqué aux propriétés et aux personnes.
Une image distorsionnée
Bien que la théorie affirmait que le "cadastre" visait à plus de justice sociale lors de la contribution, il fut immédiatement perçu comme une punition : un impôt de guerre camouflé en impôt civil. Les réquisitions et incarcérations comptaient parmi les méthodes de force employées pour l’encaisser. Pourtant, la cotisation stipulée (1 000 000 de pesos castillans) était disproportionnée. La Castille considérait que la Catalogne était toujours la terre prospère de l’avant-guerre et ne prit pas en compte ses effets sur la population.
Ainsi, la cotisation fixe du "cadastre" ne correspondait jamais aux revenus réels de la société et n’envisageait pas, par exemple, qu’une mauvaise récolte empêchât d’acquitter la taxe. Par conséquent, la charge fiscale appliquée à la Catalogne fut si brutale pendant plusieurs années que les percepteurs espagnols eux-mêmes recommandèrent de la diminuer.
La pression fiscale en chiffres
Entre 1726 et 1744, le "cadastre" se consolide, parallèlement au nouveau régime politique de Philippe V. Une telle pétrification toucha également les montants du "cadastre", déphasés, qui n’avaient plus d’opposition à partir de la seconde moitié du 18e siècle lorsque la croissance démographique et économique la Catalogne rendit la forte pression fiscale plus supportable. Cependant, rien ne compensait la saignée des décennies antérieures. En cinquante ans (1729-1779), la fiscalité indirecte en Catalogne augmenta de 248 % et l’ensemble de la fiscalité, y compris le "cadastre", de 150 %.
En 1845, une réforme tributaire fut mise en place et le "cadastre" disparut. Mais en Castille, le sentiment d'un manque de solidarité fiscale de la Catalogne, qui avait atteint un développement considérable grâce l’expansion de son commerce et de son industrie, continua. Ce sentiment aboutit à ce que le prix de la défaite de 1714 fut désormais payé par d’autres mécanismes.
La Catalogne disposait précisément d’un système fiscal dans lequel le gouvernement même, nommé Diputació del General ou Generalitat, encaissait et administrait les impôts, et non le roi comme en Castille. Cette situation permit aux catalans d’avoir suffisamment de liberté pour décider de contribuer ou non à la politique extérieure de la monarchie hispanique. Pourtant, les allures impériales étaient peu attractives pour les catalans et ils refusaient souvent de payer.
Après la fin de la guerre de Succession, l’objectif des ministres de Philippe V était que la Catalogne, qui avait lutté aux côtés de l’archiduc Charles et des alliés anglo-hollandais, assume les coûts de l’armée qui l’occupait. À cet effet, un nouvel impôt fut créé, le "cadastre", qui fut appliqué aux propriétés et aux personnes.
Une image distorsionnée
Bien que la théorie affirmait que le "cadastre" visait à plus de justice sociale lors de la contribution, il fut immédiatement perçu comme une punition : un impôt de guerre camouflé en impôt civil. Les réquisitions et incarcérations comptaient parmi les méthodes de force employées pour l’encaisser. Pourtant, la cotisation stipulée (1 000 000 de pesos castillans) était disproportionnée. La Castille considérait que la Catalogne était toujours la terre prospère de l’avant-guerre et ne prit pas en compte ses effets sur la population.
Ainsi, la cotisation fixe du "cadastre" ne correspondait jamais aux revenus réels de la société et n’envisageait pas, par exemple, qu’une mauvaise récolte empêchât d’acquitter la taxe. Par conséquent, la charge fiscale appliquée à la Catalogne fut si brutale pendant plusieurs années que les percepteurs espagnols eux-mêmes recommandèrent de la diminuer.
La pression fiscale en chiffres
Entre 1726 et 1744, le "cadastre" se consolide, parallèlement au nouveau régime politique de Philippe V. Une telle pétrification toucha également les montants du "cadastre", déphasés, qui n’avaient plus d’opposition à partir de la seconde moitié du 18e siècle lorsque la croissance démographique et économique la Catalogne rendit la forte pression fiscale plus supportable. Cependant, rien ne compensait la saignée des décennies antérieures. En cinquante ans (1729-1779), la fiscalité indirecte en Catalogne augmenta de 248 % et l’ensemble de la fiscalité, y compris le "cadastre", de 150 %.
En 1845, une réforme tributaire fut mise en place et le "cadastre" disparut. Mais en Castille, le sentiment d'un manque de solidarité fiscale de la Catalogne, qui avait atteint un développement considérable grâce l’expansion de son commerce et de son industrie, continua. Ce sentiment aboutit à ce que le prix de la défaite de 1714 fut désormais payé par d’autres mécanismes.
Jordi Mata (texte).
Agustí Alcoberro, Francesc Cabana, Josep Maria Solé i Sabaté (assistance) Maja Zoll (traduction)
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