mardi 20 novembre 2012

Réponse catalane au Nouvel Observateur

 
 
 
Les trois phrases du Nouvel Observateur sur la Catalogne.
Une réponse nord-catalane au Nouvel Observateur.
Nous sommes abonnés au Nouvel Observateur et depuis deux mois nous attendons,  nous guettons une information sur la Catalogne. Pourquoi depuis deux mois ? Parce que le onze septembre un million et demi de catalans (sur une population de sept millions !) ont manifesté à Barcelone pour l’indépendance de la Catalogne.
Ils l'ont fait de manière festive, unitaire, transversale, familiale, pacifique et massive. Un seul cri : liberté. " Catalogne nouvel état d’ Europe ". Avez-vous déjà vu beaucoup de manifestations de ce type en Europe ? S’ils avaient cassé quelques vitres ou agressé quelques policiers vous en auriez peut-être fait la une de votre hebdomadaire, mais sans casse, "où est l’information"  n’est-ce pas?
Un peuple, un pays voisin, est en plein processus d’ indépendance et pas un mot dans le Nouvel Observateur. Pas un mot dans votre journal jusqu’à l'article de cette semaine. Et dès le titre, le ton est donné: "la menace autonomiste". 
En lieu et place d’ information complète et d’analyse contrastée, vous nous servez la soupe jacobine avec des lieux communs et des éléments de langage conformistes et centralistes, qui disent tout et n’importe quoi sur la Catalogne, la Flandre, l’Ecosse… Dans cette soupe, vous consacrez trois phrases a la Catalogne. Des phrases où l' idéologie prend le pas sur la déontologie. Des phrases pour condamner, non pour informer ni pour comprendre.
 
1. La Catalogne serait, donc une « menace ».   Depuis trois siècles (1714 : prise de Barcelone, perte des libertés nationales, interdiction de la langue...) la Catalogne aura tout essayé pour garder sa personnalité et sa langue. Les tentatives de sécession, de proclamations de la république catalane, ou d’un état catalan dans une fédération ibérique, ont été nombreuses. Elles ont toutes été réprimées dans le sang, la guerre ou le coup d’ état militaire. La Catalogne a cherché à exister  dans l’ Espagne. Elle a cru à la possibilité de vivre dans la Constitution née après le franquisme.  Mais cohabiter n’est pas se fondre et perdre son identité. Les récentes sentences judiciaires mettant en cause la politique linguistique ainsi que l’abrogation d’une grande partie du statut d’autonomie qui avait été voté en référendum(!), ont convaincu les catalans que le système actuel d’autonomie ne peut pas garantir leur langue et leur personnalité. La Catalogne ne saurait survivre dans la vague actuelle de nationalisme espagnol, dans une campagne anti-catalane permanente, dans une politique recentralisatrice qui détricote ce qui avait été obtenu par consensus et négociation. L’indépendance est la seule solution.
2. Deuxième phrase :  « Sous prétexte que Madrid cautionne une répartition des recettes fiscales pénalisant la région, son président appelle à des élections anticipées et compte sur une victoire des indépendantistes pour organiser un référendum d’ autodétermination ». Vous écrivez "sous prétexte". Ce "prétexte" n'est ni plus ni moins qu'une spoliation fiscale sans précédent en Europe.  Une espoliation qui vient de loin. Pour chaque euro que les catalans paient en impôts, seulement 57 centimes sont reversés à la Catalogne. Avec le résultat que l'on connaît: La communauté la plus riche d'Espagne n'occupe plus que la neuvième position après impôts. C’est cela la "solidarité" à l’espagnole:  il s’agit d’ un système unique dans l’ensemble des formules de redistribution fiscale en occident. La légèreté avec laquelle vous traitez ce sujet est indigne du Nouvel Observateur.

3. Mais votre prise de position définitive se trouve dans la troisième phrase : « Un peu partout en Europe, la récession ravive les égoïsmes ». Voilà une condamnation qui dit tout des critères jacobins et des préjugés centralistes qui sont vos outils d’analyse et d’information. Ne croyez pas que tout cela se résume à une affaire d’argent, que tout cela soit un effet de la crise comme le prétend votre phrase. Lisez l’histoire. N’importe quel peuple se soulèverait dans les conditions qui sont celles de la Catalogne aujourd'hui. Renseignez-vous. Tout un peuple voisin aspire à la liberté et votre devoir de journaliste est d'essayer de comprendre ses raisons. Les catalans ne sont pas nationalistes, ils sont catalans comme les français sont français et défendent leur langue et leur culture. Le nationalisme est en face. Nous attendons de ceux qui sont attachés à la liberté qu'ils accompagnent et soutiennent tous les peuples qui luttent pour elle. Renseignez-vous. Si vous pensez que la presse catalane est partiale, lisez la presse anglo-saxonne qui traite la question beaucoup plus amplement et ouvertement que la presse française.   
 

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