Voilà la drôle d’ingérence du Consul Général d’Espagne qui en fait
bondir plus d’un. Ce mercredi 29 avril, lors d’un débat (où seuls ceux
qui étaient prévus pouvaient intervenir) organisé par l’Indépendant et
dont le sujet était “comment attirer la clientèle espagnole”, le consul
n’a pu s’empêcher de transposer le conflit hispano-catalan à la
Catalogne Nord. Alors que les échanges avaient commencé avec un bon ton,
distinguant catalans et espagnols tant au niveau culturel qu’économique
(les catalans étant plus proches restent moins longtemps) la conclusion
du Consul a été de dire qu’il a été négativement surpris en arrivant à
Perpignan de voir tant de drapeaux catalans et une culture aussi
présente “alors que personne ne parle catalan ici, personne !”.
Evidemment il était là dans un rôle politique anti catalan car il sait
très bien qu’il a déjà eu droit à plusieurs manifestations de catalans
devant son consulat, qu’il parle régulièrement en catalan à de nombreux
nord-catalans (dont moi-même) et que si effectivement le catalan ne
jouit pas d’une utilisation normale et courante, il est pourtant bel et
bien en phase de récupération. Mais faut savoir que son hostilité est
telle que les organisateurs ont “oublié” d’inviter son homologue
catalan, le directeur de la Casa de la Generalitat, à qui il n’adresse
même pas la parole.
Alors on est tenté de lui dire deux choses à ce consul :
premièrement, nous ne venons pas à Madrid expliquer comment ils doivent
manifester leur identité (ou la cacher) donc prière de respecter le lieu
où vous êtes. Deuxièmement, ne vous en déplaise, vous êtes en
Catalogne. Certes, ce territoire est français mais de culture catalane.
Nous avons donc une double culture, que vivent très bien par exemple les
bretons, basques, alsaciens ou corses mais aussi les Guinéens (qui ont
gardé une culture hispanique) les Québécois ou encore les Valdôtains
(Vallé d’Aoste, culture française en Italie) et de très nombreux autres
peuples dans le monde. La double culture est une richesse, certainement
pas un handicap. Si certains espagnols politisés ont un souci avec la
Catalogne, nous devons avoir la force et l’ambition de les réconcilier
avec notre culture. Pas en terme politique puisque nous ne serons pas
d’accord, mais en terme culturel, nous sommes tout à fait capables,
contrairement à vous, d’affirmer notre culture et notre identité sans
rejeter personne.
La petite note positive que je retiens de son intervention déplacée,
c’est tout de même qu’il disait que depuis Barcelone où il a vécu, il
était persuadé qu’à Perpignan la langue catalane était aussi
présente que dans le reste de la Catalogne. Cela montre notre capacité à
attirer des chalands catalans mais aussi du monde entier car toutes les
études, à commencer par la fréquentation touristique et le transit
aéroportuaire, montrent qu’en Europe et à l’autre bout du monde la
Catalogne et Barcelone sont des marques porteuses. Alors renforçons nos
relations avec la Catalogne Sud, n’en déplaise à ce consul, et
développons notre économie en nous ouvrant au monde avec la ville la
plus importante de la péninsule ibérique plutôt que nous mettre des
barrières et nous noyer dans des schémas qui ne nous correspondent pas.
i per descomptat, si no li convé, vostè és lliure d’anar a algun lloc més “francés”.
Brice Lafontaine
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