dimanche 25 novembre 2012

Santpedor : le village dissident

En pleine Catalogne rurale, à 60 kilomètres de Barcelone, Santpedor, 6 500 habitants, offre une vue imprenable sur les montagnes de Montserrat. C'est une bourgade paisible où, en fin d'après midi, la place de la mairie se remplit d'enfants et de jeunes parents. La plupart se sont installés ici pour fuir le stress des grandes villes. Sur cette jolie place comme dans le reste du village, des «esteladas», des drapeaux indépendantistes ont été accrochés aux balcons et aux fenêtres. Il y en a même un sur le fronton de l'Hôtel de ville.

Laura Vilagrà, le maire du village n'a d'ailleurs jamais jugé bon d'accrocher le drapeau espagnol comme le prévoit la loi. «L'estelada, c'est le drapeau de la liberté ! D'ailleurs depuis le retour de la démocratie en 1975, il n'y a jamais eu de drapeau espagnol ici» explique l'élue, membre du parti indépendantiste de gauche ERC. Cette jeune mère de famille de 36 ans qui ne s'est «jamais sentie espagnole», revendique l'insoumission de son village. Il y a un an, à l'issue d'un vote à l'unanimité au conseil municipal, Santpedor s'est autoproclamée indépendantiste. Une décision approuvée par la très grande majorité des habitants du village. «L'indépendantisme a toujours été très fort ici, mais c'est vrai que ces derniers mois, à cause de la crise, beaucoup de gens sautent le pas», souligne Laura Vilagrà.
Joan Albert Pons, est catégorique : «L'Espagne nous vole et fait tout pour freiner notre développement». Ce pompier de 42 ans ne mâche pas ses mots : «Chaque année, la Catalogne envoie 16 milliards d'euros à Madrid qu'elle ne revoit jamais». Ce déficit fiscal revient souvent dans les conversations. Artur Mas, l'actuel président de la Catalogne en a d'ailleurs fait son principal argument de campagne.
Dans le village, difficile de trouver des voix discordantes. Antonio Espinosa membre de Ciutadans, un petit parti anti-nationaliste se, sent bien seul «L'indépendantisme n'est pas hégémonique mais c'est devenu un discours dominant», soupire cet homme dont la formation n'a aucun représentant à la mairie.
À Santpedor, tout le monde en est persuadé : la Catalogne serait plus riche et vivrait mieux sans l'Espagne. Pour Esteve Pinto, patron d'une entreprise de panneau solaire, c'est une évidence : «L'indépendance, cela voudra dire plus d'infrastructures, plus d'aides pour nos entreprises et plus de crédits».
Et il y a quelques semaines, le plus célèbre natif de Santpedor a également franchi le pas : Pep Guardiola, l'ancien entraîneur du Barça, a apporté son soutien à l'indépendance. Une prise de position logique pour son amie Laura Vilagrà : «Pep est né dans une famille nationaliste : il a toujours rêvé d'une Catalogne libre».
Avant même ces élections, les habitants de Santpedor et des 600 villages catalans autoproclamés «indépendantistes», ont déjà remporté une bataille. Sous leur pression, Artur Mas, a promis d'enclencher dès le mois de janvier un processus qui doit conduire au référendum sur l'indépendance.
 
 

 

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